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Expériences et visions de CG JUNG 

 

Voici le récit des visions que Jung a relaté dans son autobiographies MA VIE qui témoigne d’une expérience vécue dans une autre dimension de l’être de ce qu’il dénommé le Mysterium conjunctionis ou mystère du mariage intérieur dans l’âme.

"..aux environs de minuit..éveillé....j'étais comme dans une extase ou une très grande béatitude je me sentais ..comme abrité au sein de l'univers, dans un vide immense bien qu'empli du plus grand sentiment de bonheur qui soit. C'était la béatitude éternelle; on ne peut la décrire, c'est bien trop merveilleux, me disais-je...Je me trouvais moi-même dans le jardin des grenades , on y célébrait le mariage de Tiphereth avec Malkuth (*1) ..c'était le mariage mystique tel qu'il apparait dans la tradition de la Kabbale ... j'étais le mariage et ma béatitude était celle d'un mariage bien heureux….puis succéda, la vision du "mariage de l'agneau" dans une Jérusalem parée pompeusement (la Jérusalem céleste) ..c'étaient d'ineffables états de béatitudes avec anges et lumières ..j'étais le mariage de l'agneau ...cela fit place à une dernière vision ...Zeus-père de l'univers et Héra consommaient l'hieros gamos décrit dans l'Illiade...j'étais plongé nuit après nuit dans la plus pure béatitude...les visions duraient à peu près une heure ..ces états étaient si fantastiques que comparé à eux, le monde paraissait tout simplement ridicule...3 semaines après la première vision , ces états visionnaires cessèrent...la beauté et l'intensité du sentiment pendant ces visions on ne peut s'en faire une idée, c'est ce que j'ai vécu de plus prodigieux…( dans la pièce) la présence du sacré créait une atmosphère magique..je compris pourquoi on parle d'odeur de sainteté ..il y avait dans l'espace un pneuma d'une ineffable sainteté dont le Mysterium conjuctionnis était la manifestation ...je n'aurais jamais pensé qu'une telle continuelle béatitude fut possible..ces visions étaient parfaitement réels, tout était de la dernière objectivité. On recule devant l'emploi du mot "éternel"; pourtant je ne peux décrire ce que j'ai vécu que comme la béatitude d'un état intemporel dans lequel passé, présent et avenir ne font plus qu'un....une étincelante totalité...j'eus plus tard encore une fois l'occasion de vivre pareille objectivité: c'etait après la mort de ma femme m'apparut en un rêve qui était comme une vision… (toute sa vie et notre mariage y était synthétisé).. en face d'une telle totalité on reste muet car cela est à peine concevable...l'objectivité vécue dans ce rêve ...est détachement des jugements de valeur et de ce que nous désignons par attachement affectif….et se situe au-delà des intrications affectives, elle semble être le mystère central . elle seule rend possible la véritable conjunctio ( de l'amour)….bon nombre de mes œuvres furent écrites après ces visions ".

(*1) Tiphereth et Malkuth sont deux des 10 centres d'énergie subtiles dénommées sephirot de l'arbre de vie selon la Kabbale représentant des principes masculin et féminin de la présence divine dans l'être humain)

 

C’est lors de ces expériences vécues par ces visions que Jung a sans doute eu accès à la connaissance direct dont j’ai parlé et qui lui a permis de développer toutes ces intuitons quant à la nature du Soi. Les voyageurs hors du cops tel Marc Auburn reconnaissent dans ce récit de Jung leurs propres expériences.

 

« Après cette maladie commença pour moi une période fertile de travail.

Bon nombre de mes œuvres principales ne furent écrites qu’après. La connaissance ou l’intuition de la fin de toutes choses me donnèrent le courage de chercher de nouvelles formes d’expression. Je ne tentais plus d’imposer mon propre point de vue mais je me soumettais moi-même au cours de mes pensées. Un problème après l’autre s’emparait de moi, murissait et prenait forme. Ma maladie eut encore d’autres retentissements : ils consistèrent, pourrais-je dire, en une acceptation de l’être, en un ≪ oui ≫ inconditionnel a ce qui est, sans objection subjective, en une acceptation des conditions de l’existence, comme je les vois, comme je les comprends ; acceptation de mon être, simplement comme il est. Au début de ma maladie j’avais le sentiment que l’attitude qui avait été la mienne avait été une erreur et que j’étais en quelque sorte responsable moi-même de l’accident. Mais lorsqu’on suit la voie de l’individuation, lorsqu’on vit sa vie, il faut aussi prendre l’erreur a son compte, sans laquelle la vie ne serait pas complète. Rien ne nous garantit – a aucun instant –que nous ne tombons pas dans une erreur ou dans un danger mortel. On pense peut-être qu’il y a une voie sure ; or, celle-ci serait la voie des morts. Alors rien ne se produit plus, et en aucun cas ne se produit ce qui est juste. Qui suit la voie sure est comme mort. Ce n’est qu’après ma maladie que je compris combien il est important D’accepter son destin, ainsi il y a un moi qui ne flanche pas quand surgit l’incompréhensible. Un moi qui tient bon, qui supporte la vérité et qui est à la hauteur du monde et du destin. Alors une défaite peut être en même temps victoire. Rien n’est trouble, ni au dedans ni au dehors, car notre propre continuité a résisté au fleuve de la vie et du temps. Mais cela ne peut se produire que si notre prétention n’interdit pas au destin de manifester ses intentions. »

Jung explicite dans son livre " Commentaires sur le Mystère de la fleur d'Or" (traité taoïste) , l'attitude requise "d'action non agissante " (alliance du masculin et du féminin) : " En observant le processus d’évolution de ceux qui se dépassaient eux-mêmes (..), je vis que leur destin avait un trait commun : la nouveauté venait à eux de possibilités obscures, ils l’acceptaient et se dépassaient grâce à elle. Et que faisaient ces gens pour réaliser le progrès libérateur ? Autant que j’aie pu voir, ils ne faisaient rien (wou-wei) mais laissaient advenir (..) Le laisser advenir », l’action non agissante, l’abandon de Maître Eckhart est devenu pour moi la clé permettant d’ouvrir les portes qui mènent à la voie : dans le domaine psychique, il faut pouvoir laisser advenir. C'est pour nous un art véritable auquel quantité de gens ne comprennent rien: leur conscient ne cesse d'aider, de corriger et de nier, de multiplier les interférences et, dans tous les cas, il ne peut laisser en paix le pur déroulement du processus psychique. La tâche serait assez simple, si la simplicité n'était pas ce qu'il y a de plus difficile." »

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